Depuis le 31 janvier 2025, 10 communes de Corrèze n'ont plus accès aux services télécoms sur le réseau téléphonique cuivre historique et Internet xDSL. En janvier 2026, 52 communes supplémentaires seront concernées en Corrèze ainsi que 45 communes en Charente et 12 communes en Haute-Vienne ! IL EST TEMPS DE PASSER À LA FIBRE !
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Agir pour l’équilibre économique d’exploitation
des Réseaux d’Initiative Publique

 2025 : institutionnalisation des positions de NATHD au niveau national 

Le rapport de la Cour des comptes, officialisé le 2 avril 2025, légitime beaucoup des positions et approches soulevées par NATHD qui nécessitent des solutions opérationnelles rapides à un niveau national. NATHD a aussi souhaité appeler l’attention de la Cour sur l’équilibre économique des RIP pour lequel elle est mobilisée et « lanceur d’alerte » depuis 2021.

NATHD retient notamment les thématiques principales de ce rapport :
1- La généralisation de la fibre optique, la qualité de service et la résilience des réseaux
2- Des modèles économiques en zone publique dont la robustesse et les risques sont à réévaluer avec l’appui du régulateur

Rapport de la Cour des comptes

« LES SOUTIENS PUBLICS EN FAVEUR DU DÉPLOIEMENT DE LA FIBRE OPTIQUE »

Publié le 2 avril 2025

La Cour reprend les conclusions de la Chambre Régionale des Comptes (Annexe 6) qui rejoignent les constats de NATHD

« D’après la chambre, le déficit prévisionnel dont fait part NATHD est bien réel. En particulier NATHD observe des surcoûts sur 3 catégories :

  • Les surcoûts liés aux raccordements classiques,

notamment dus au mode STOC[1][2], la chambre révèle un dysfonctionnement dans la tarification. En effet, NATHD vend à l’Opérateur Commercial (OC) une prestation de 250 €, correspondant à la moyenne des tarifs de l’ARCEP de 2015. Or en retour, l’opérateur facture à NATHD un prix réel, d’en moyenne 358 € soit un déficit moyen de 108 € par raccordement. Ce déficit est d’autant plus préoccupant qu’une qualité très dégradée est par ailleurs constatée 196. Concernant les surcoûts de raccordements complexes[3], notamment liés aux besoins non anticipés de travaux de génie civil, ils proviennent en général de situations dans lesquelles les infrastructures d’accueil du réseau de cuivre sont absentes ou dégradées. La Chambre confirme que ce sujet soulève un enjeu de finances publiques et qu’il exige une expertise technique, juridique et financière approfondie à une échelle nationale par les différents acteurs concernés.

  • Les surcoûts liés aux travaux de vie du réseau,

c’est-à-dire les travaux de génie civil réalisés dans le cadre de l’exploitation, NATHD souligne que les conditions contractuelles de participation des OC à ces travaux créent un déficit prévisionnel. Celles-ci sont en effet encadrées par un plafond et un plancher induisant des surcoûts systématiques pour NATHD. De plus, NATHD fait part de difficultés persistantes à recouvrer les factures. La chambre reconnaît que ces mécanismes de co-financement exigent d’être rééquilibrés entre le secteur public et le secteur privé.

  • Les surcoûts liés aux « adductions neuves »,

c’est-à-dire les cas où des immeubles neufs sont construits et qu’il faut les relier au réseau, NATHD fait part d’un déficit prévisionnel de 49 M€ sur la durée de la concession. En principe, cette charge ne devrait pas exister et aurait dû relever du « service universel » mais la directive européenne de 2018 a été transposée dans les textes sans mise en place opérationnelle à ce jour[4]. Ceci induit effectivement une charge d’investissement pour les collectivités locales qui devrait en principe ne pas exister. La chambre s’étonne de cette transposition manifestement incorrecte du droit européen et elle confirme que cela pourrait entraîner une charge pour les finances publiques[5]. L’État s’expose ainsi à de possibles recours contentieux et de possibles sanctions de la part de la Commission européenne ».


[1] Estimés à 83 M€ sur 15 ans.

[2] % des raccordements sont réalisés en retard et environ 15 malfaçons par jour en moyenne ont été constatées en 2023, dont près d’un quart n’ont pas été résolues dans les délais.

[3] Trois catégories de raccordements ont été identifiées : les raccordements avec « adduction inexistante », ceux avec « génie civil tiers » (« GC tiers ») et les raccordements « longs ».

[4] La raison est que l’État n’a à ce jour désigné aucun acteur en charge d’assurer ce service universel. Le mécanisme de financement et de régulation fonctionne donc « virtuellement » depuis 2020. Aucun frais lié au service universel n’a été acquitté par aucun opérateur. En revanche, le fonds d’investissement dédié a bien été créé, mais il n’a pour l’instant jamais été abondé.

[5] Estimée par NATHD à 49 M€ en 15 ans à la seule échelle de la Nouvelle-Aquitaine.

  • Souligne l’urgence d’un traitement rapide et efficace de ces surcoûts notamment au vu des situations budgétaires des collectivités.
  • Estime que la décision de ses élus de modifier unilatéralement ses contrats est juridiquement valable au titre de la commande publique afin notamment d’éviter des négociations dilatoires et stériles entre acteurs.
  • Relève également les interrogations de la Cour portant sur le caractère public des contrats STOC au cas précis de NATHD (Cf Annexe n°9) : 

«Or, par principe, les exigences de mise en concurrence et de publicité s’appliquent aux contrats de la commande publique[6], à savoir « un contrat conclu à titre onéreux par un acheteur ou une autorité concédante, pour répondre à ses besoins en matière de travaux, de fournitures ou de services, avec un ou plusieurs opérateurs économiques»[7]. Les contrats STOC conclus par un RIP exploité en régie semblent relever de l’application du code de la commande publique, mais cela paraît moins sûr pour les contrats STOC conclus par un RIP exploité dans le cadre d’une concession.

  • Se réserve enfin la possibilité de mener toute action contentieuse permettant une résolution effective de ces sujets, tant au niveau national qu’au niveau communautaire.

[6]«  En droit, l’éventuelle qualification d’un contrat en contrat de la commande publique – laquelle ne dépend pas de la dénomination que les parties lui ont donnée – suppose l’application cumulative de trois critères : (i.) un critère organique tenant à la qualification de pouvoir adjudicateur (article L. 1210-1 du code de la commande publique, (ii.) un critère financier tenant au caractère onéreux du contrat, (iii.) et un critère tenant à la satisfaction des besoins dudit pouvoir adjudicateur (article L. 1111-1 du code de la commande publique). Le contrat STOC conclu par une régie avec un OC satisfait à ces critères »..

[7] En particulier, « un marché est un contrat conclu par un ou plusieurs acheteurs soumis au présent code avec un ou plusieurs opérateurs économiques, pour répondre à leurs besoins en matière de travaux, de fournitures ou de services, en contrepartie d’un prix ou de tout équivalent » (Article L. 1111-1 du CCP).

  • Une action d’accompagnement du gouvernement via l’ANCT

« Les juridictions financières ont également constaté un degré variable de sensibilisation des collectivités locales aux risques financiers potentiels. Certaines d’entre elles sont en effet plus attentives au rythme de déploiement de leurs réseaux qu’aux enjeux de long terme. Les collectivités doivent donc davantage intégrer, dans la conduite de leurs projets, l’enjeu de l’équilibre économique de leur réseau et être accompagnées, par l’ANCT notamment, dans la mise à jour et la fiabilisation de leurs plans d’affaires ».

  • Une action d’identification de l’ARCEP

« L’Arcep mène des travaux pour objectiver et identifier les déterminants des surcoûts de construction et d’exploitation des réseaux de fibre optique. Il importe que ces travaux aboutissent en 2025 pour donner rapidement de la visibilité aux acteurs, notamment aux réseaux d’initiative publique, sur leurs perspectives économiques ».

Positions de NATHD sur le rapport de la Cour

Sur la généralisation de la fibre optique, la qualité de service et la résilience des réseaux

NATHD partage les constats et les termes de la Cour selon lesquels :

1- « Le Plan France très haut débit a permis un déploiement rapide de la fibre grâce à la mobilisation des opérateurs privés et des fonds publics »

  • « Plus de dix ans après son lancement, le Plan France très haut débit est un succès en termes de déploiement du réseau de fibre optique ».
  • « Les pouvoirs publics ont mobilisé, entre 2010 et 2024, 12,7 Md€ pour déployer la fibre optique dans ces réseaux, dont 8,7 Md€ portés par les collectivités, 3,5 Md€ par l’État et 0,5 Md€ par l’Union européenne. L’effort financier consenti par les opérateurs privés pour ces mêmes réseaux s’établit à environ 9,4 Md€. La Caisse des dépôts et consignations a par ailleurs investi 979 M€ par apport en fonds propres en faveur des sociétés concessionnaires en charge du déploiement des réseaux publics ».

NATHD rappelle qu’en Nouvelle Aquitaine les collectivités locales (Région, Départements, EPCI) ont financé près des 2/3 de l’investissement lié au projet de 750 000 prises dans les zones les plus rurales évalué dans son ensemble à environ 1,3 Md€.

Sans cette action, c’est près d’un millions et demi d’usager à la fibre qui n’aurait jamais eu ce service.


2- « Une perspective de généralisation autour de 2025 malgré des écarts territoriaux »

  • « Dans leur rapport de 2017, les juridictions financières estimaient que « les regroupements [de RIP] à l’échelle plus pertinente de la région, ou tout au moins de plusieurs départements, permett[ai]ent une meilleure efficacité de l’action publique ».
  • « Sept ans plus tard, les échelons de pilotage restent hétérogènes, compte tenu de la liberté offerte aux collectivités. Dans la perspective d’un renforcement de la qualité et de la résilience des réseaux, une réflexion sur l’évolution de la cartographie actuelle des RIP et sur une future consolidation des réseaux pourrait utilement être envisagée à moyen terme[1]».

NATHD sera au rendez-vous 2025 avec la fin du déploiement de ses 750 000 prises.

NATHD illustre la pertinence d’un projet 100% public de taille supra départementale à un niveau régional. Il aura également su s’adapter à la fusion des Régions en permettant un aménagement numérique des territoires ruraux là où aucun opérateur privé ne souhaitait proposer ses services FTTH, il y a dix ans.

[1] « Une telle perspective doit toutefois intégrer les dispositions contractuelles contenues dans les délégations de service public, qui prévoient dans certains cas, à titre d’exemple, le rachat du réseau par une autre collectivité ».


Les constructions neuves

    • « Pour les constructions neuves, l’opérateur d’infrastructures doit construire le génie civil pour l’amener à l’intérieur de la zone du droit du terrain[2]. Pour autant, tous les acteurs soulignent la difficulté d’articuler les règles d’urbanisme avec la réglementation de l’Arcep, source d’interprétations parfois divergentes entre le délégant, son délégataire et l’Arcep sur la responsabilité du financement des infrastructures, comme cela a pu être le cas par exemple dans les Pyrénées-Atlantiques ».
    • « C’est dans ce contexte que l’Arcep a récemment engagé un travail de clarification de ses attentes pour évaluer l’effectivité des efforts de raccordement de la part des opérateurs. Le régulateur a ainsi mis en consultation un projet de recommandation relatif à l’obligation de complétude des déploiements des réseaux de fibre optique jusqu’à l’abonné[3]. Cette consultation vise également à clarifier les cas dans lesquels l’opérateur d’infrastructures peut recourir aux raccordements sur demande, aux raccordements sur demande à tarif spécifique (dont le coût s’écarte significativement de l’offre habituelle), à la déclaration de refus de tiers et aux raccordements d’immeubles en cours de construction ou venant d’être livrés. La consultation rappelle également que les locaux disposant d’une ligne cuivre active ne pourraient alors pas, « en principe » être classés dans la catégorie des locaux raccordables sur demande) ».

NATHD rappelle sa préoccupation sur le sujet notamment dans le cadre d’une nécessaire répartition de la charge financière de ces opérations entres les acteurs professionnels. NATHD, Opérateur d’Infrastructure 100% public ayant potentiellement la charge de ces opérations, souhaiterait un dispositif financièrement clarifié et juridiquement stable qui permette de faire peser le coût de ces travaux sur les promoteurs professionnels par exemple.

[2] « Article L. 332-15 du code de l’urbanisme. »

[3] « Consultation ouverte du 12 novembre 2024 au 20 décembre 2024. 67 Ibid. p. 21. »


Les raccordements

    • « L’achèvement des réseaux se heurte toutefois aux raccordements les plus coûteux ou difficiles alors que la fermeture du réseau cuivre se rapproche. Pour finaliser la généralisation de la fibre, les acteurs doivent désormais réaliser les raccordements les plus difficiles et les plus coûteux. L’estimation de leur nombre et de leur coût, est complexe en l’absence d’un recensement systématique par les opérateurs. La prise en charge de ce coût incombe aux opérateurs de télécommunications pour les travaux réalisés sur le domaine public. Concernant le domaine privé, ce dernier segment du réseau est en revanche à la charge des propriétaires. Dans ce contexte, une nouvelle impulsion de l’ensemble des acteurs du Plan France très haut débit, sous la coordination de l’Arcep qui dispose de pouvoirs d’enquête et de sanction, est indispensable pour atteindre l’objectif de généralisation de la fibre au plus proche de 2025 ».
    • « Le recours à des technologies alternatives (satellite notamment) peut, à la marge, permettre de traiter les obstacles techniques au raccordement à la fibre des zones les plus difficiles d’accès, en concertation avec les élus et les usagers. Les réseaux de fibre optique devraient toutefois couvrir au moins l’ensemble des locaux raccordés au réseau cuivre actuel, les infrastructures d’accueil étant les mêmes ».

NATHD appelle l’attention sur le modèle économique des RIP des raccordements « non-standards » en domaine public impliquant du génie civil. NATHD comprend que la Cour estime que ce coût doit être assumé par les opérateurs commerciaux et partage cette position.

NATHD, dont le projet assume une obligation de complétude à 100% des territoires concernés, partage la vision selon laquelle le recours à des solutions alternatives à la fibre ne peut être qu’à la marge et souligne que ces situations peuvent créer des ruptures d’égalité au sein de poches (ie : quartiers) de déploiements générant des tensions locales.

  • « les collectivités délégantes portent une attention particulière aux enjeux de qualité, qui sont une source de signalements fréquents des usagers auprès des élus locaux et un indicateur du bon fonctionnement de leur réseau. Elles mettent par exemple en place des outils à destination des usagers pour faciliter la gestion de leurs problèmes de connexion, comme des plateformes ou guichet de signalisation des pannes. En revanche, le recours au levier de la sanction du délégataire est, dans l’ensemble des RIP, relativement peu utilisé (24 % des répondants au sondage des juridictions financières) ».

    NATHD rappelle sa constante préoccupation sur ce sujet de la qualité de services de l’exploitation du réseau fibre. Nombreux sont les outils mis à disposition des usagers et des élus via son site internet (https://nathd.fr/declarer-un-dommage-reseau)

    L’illustration et la preuve sont apportées par les derniers chiffres de l’ARCEP en ce domaine à l’occasion de son rapport sur la qualité des réseaux de fibre optique publié et réactualisé en mars 2025.

    Aux termes de cette publication, force est de constater que le réseau NATHD a un excellent niveau de qualité de services à savoir « un taux de nombre de pannes signalées par les opérateurs commerciaux à l’opérateur d’infrastructure pendant le mois considéré, rapporté au nombre de lignes en fibre optique en service » qui s’élève à peine à 0,11 % cuivre d’Orange) »

Les raccordements en mode « STOC » (sous-traitance des Opérateurs commerciaux

  • « La régulation de la qualité est aujourd’hui peu efficiente ».
  • « L’intervention de l’Arcep devrait donc être plus coercitive et les opérateurs commerciaux davantage responsabilisés sur la qualité des raccordements finals, en modifiant si nécessaire le cadre législatif ».
  • « Dans les réseaux d’initiative publique, les collectivités suivent avec vigilance les enjeux de qualité, avec l’appui de l’agence nationale de cohésion des territoires (ANCT) qui déploie des audits objectivant les exigences de qualité demandées aux opérateurs. L’Arcep devrait pouvoir réaliser ce type d’audits dans l’ensemble des zones, aux frais des opérateurs, comme elle le fait déjà pour les réseaux mobiles ».

NATHD partage une appréciation sévère sur ce mode de raccordement unique en Europe dont un certain nombre d’illustrations concrètes sont relevées par la Cour[4].

NATHD constate qu’un véritable modèle économique autonome aura généré des transferts de marges indus entre acteurs économiques (des OI/collectivités vers les OC) au détriment de la qualité qui plus est.

NATHD constate également les surcoûts engagés pour pallier ces défauts qui viennent alourdir le modèle économique global du RIP.

[4] « À titre d’exemple, NATHD a relevé un taux moyen de malfaçons de plus d’un quart dans les raccordements finals (CRC Nouvelle-Aquitaine, La société publique locale NATHD. Chiffre établi à partir des comptes rendus d’intervention (CRI) photos, qui relèvent également des malfaçons « mineures » (jarretières) qui n’ont pas d’impact direct sur la qualité de service mais contribuent à dégrader, par leur accumulation, le bon fonctionnement des infrastructures.)

Par ailleurs, en Nouvelle-Aquitaine, si la limitation de la sous-traitance à deux rangs semble être mise en œuvre, le nombre d’entreprises sous-traitantes intervenant sur le réseau de NATHD reste très élevé, les principaux opérateurs commerciaux comptabilisant au total 266 sous-traitants de rang 2

Deux opérateurs d’infrastructures réalisent également des audits à chaud – entre 400 et 1000 audits par mois depuis 2023. Une part substantielle fait état de non-conformité aux règles de sécurité d’intervention et un opérateur d’infrastructures précise que le nombre de faits graves relevés en matière de sécurité ne baisse pas. En Nouvelle-Aquitaine, le taux de conformité moyen de ces contrôles depuis 2019 est de 88 % mais ils ne couvrent qu’un nombre infime de raccordements (0,081 %) : NATHD mène donc des actions complémentaires auprès des opérateurs et de leurs prestataires afin qu’ils améliorent le respect des règles de sécurité lors des interventions de raccordements finals (Plusieurs dizaines de réunions annuelles avec les sous-traitants, audits, signature de plan de prévention avec chaque sous-traitant).

Les opérateurs d’infrastructures utilisent par ailleurs l’intelligence artificielle (IA) pour détecter les malfaçons à partir des photographies transmises, avec des résultats assez encourageants (66 % des raccordements vérifiés pour un opérateur d’infrastructures). Toutefois, à ce stade, cet outil ne participe encore que partiellement à la détection des dysfonctionnements : le contrôle mené en Nouvelle-Aquitaine a en effet constaté qu’il ne parvenait pas encore à identifier certaines malfaçons, que certaines photographies étaient « contrefaites » et que l’apprentissage de l’IA était encore incomplet pour contrôler tous les raccordements.

Aussi, les opérateurs d’infrastructures ne refacturent pas toujours le montant des réparations aux opérateurs commerciaux, faute d’être en capacité d’imputer la sanction à l’opérateur responsable[4], mais également parce que les montants notifiés ne sont pas dissuasifs et difficiles à recouvrer. À titre d’exemple, NATHD n’a pas recouvré 340 000 € sur les 743 000 € de pénalités notifiées aux opérateurs commerciaux entre 2021 et 2023. Périgord Numérique a constaté qu’un opérateur commercial ne payait pas ses sanctions financières et que les opérateurs commerciaux ne signalent pas toujours les incidents sur le réseau ».


Les « raccordements de service public » (RSP), innovation mise en place par NATHD en 2022 et en œuvre en 2023 et s.

  • « La chambre régionale des comptes Nouvelle-Aquitaine estime que ce mode de raccordement permet aux collectivités locales de reprendre la maîtrise des raccordements avec une exigence de qualité et de non-dégradation du réseau public. Les coûts sont équivalents à ceux du mode STOC. Les Landes et la Corrèze, qui ont expérimenté le dispositif, en ont présenté un retour positif. En revanche, le taux de conversion de ces raccordements en abonnements fibre auprès d’un opérateur commercial reste limité (un quart). La perceptive d’arrêt du réseau cuivre devrait cependant accélérer la bascule de ces foyers vers la fibre ».

NATHD salue positivement la mise en lumière de la démarche dite de « raccordement de service public » qu’elle a mise en place en 2022 de manière innovante et dont les avantages sont soulignés par la Cour.

  • « Seul un nombre limité de réseaux d’initiative publique a déjà établi un schéma local de résilience (11 % des répondants au sondage des juridictions financières). Faute d’un cadrage national suffisant, ces démarches sont actuellement menées en ordre dispersé.».
  • « Un travail national doit être conduit afin de définir une stratégie globale de résilience des réseaux de fibre optique intégrant les dimensions technique, juridique (responsabilités des différents intervenants) et opérationnelle (insertion des acteurs des réseaux de fibre optique, morcelés, dans les organisations de préparation et de gestion des crises)».

NATHD partage les préoccupations évoquées en matière de résilience des réseaux[5]

NATHD considère depuis son alerte en 2021 que cette question doit être abordée à l’aune prioritaire de la résolution du sujet portant sur l’équilibre économique des RIP et soutien ainsi la position de la Cour en ses termes :

« Les juridictions financières invitent à reprendre, en parallèle de la réflexion nationale sur le renforcement de la résilience des réseaux, des travaux partenariaux sur les modalités de financement des investissements correspondants. Ils devront être intégrés à la réflexion plus générale sur le modèle économique des réseaux d’initiative publique ». 

NATHD a par ailleurs comme le souligne la Cour mis en place un certain nombre d’actions en ce sens :

« NATHD a prévu de se doter d’un outil cartographique qui permettra, dès 2025, à chaque syndicat départemental, de concevoir un plan d’enfouissement pluriannuel, ciblant les tronçons les plus exposés ou desservant le plus grand nombre d’usagers »

« Les préfets de zone de défense et de sécurité comme de département doivent ainsi d’ores et déjà s’assurer que les opérateurs d’infrastructures comme les opérateurs commerciaux sont bien insérés dans les démarches de planification opérationnelle de préparation et de gestion des crises, menées en général dans le cadre des dispositions Orsec ». 

Ces actions de sensibilisation ont déjà été menées par NATHD en 2023/2024 (RDV préfecture régionale, zone de défense, préfecture de Creuse, courriers à l’ensemble des préfectures départementales)

[5] La cour précise en effet que « NATHD estime à environ 2,7 Md€ le coût supplémentaire que représenterait l’enfouissement de la totalité de son réseau aérien, dont 70 M€ pour les seuls tronçons de collecte et de transport, alors que le coût de construction du réseau dans son ensemble devrait s’établir à 1,3 Md€. Certains syndicats mixtes ouverts sont plus concernés que d’autres du fait de leurs choix de modalités de déploiement (70 % du réseau est aérien en Dordogne, puisque déployé sur l’infrastructure du réseau cuivre d’Orange) »

Sur le modèle de financement en zone publique

La cour relève un certain nombre de points suivants liés aux ressources et à l’identification de « surcoûts ».

1- Cofinancement des opérateurs commerciaux et IRU

  • « Dans le cas des RIP, la durée des IRU a d’abord été fixée dans le cadre de négociations entre acteurs, dépassant dans certains cas 40 ans. Suite à la décision de l’Arcep dans le cadre du règlement de différend entre Orange et Free, cette durée a été réduite à 40 ans le cas échéant. Le renouvellement des droits peut être inclus dans le contrat d’accès aux lignes fibre ou faire l’objet de convention ad hoc conclue avec l’opérateur d’infrastructures »
  • « Les contrats prévoient ainsi le renouvellement des droits d’usage automatiquement et sans aucune formalité par période de 5 ans pour un prix de 1€ par prise souscrite dans le cadre du cofinancement, étant précisé que la durée totale de droit d’usage est limitée à une durée de 40 ans »
  • « il n’existe pas de consensus sur les tarifs des droits irrévocables d’usage à appliquer au-delà de 20 ans. Cela fait peser une incertitude sur les plans d’affaires des réseaux»

NATHD partage ces préoccupations et considère que la question du renouvellement des IRU à 1 € (en lieu et place des 500 € initiaux) au terme des 20 ans de contrat constitue un sujet de régulation de la concurrence qu’il conviendra de résoudre en ce sens à défaut d’un « consensus » trouvé au préalable rapidement.


2- « Un taux de pénétration qui plafonne à des niveaux en moyenne en-deçà des projections initiales »

  • « Le taux de pénétration commerciale[1] a en moyenne été estimé à 80 % dans les plans d’affaires des RIP.»
  • Les entretiens ont néanmoins montré trois types d’obstacles à la pénétration de la fibre, hors enjeux de déploiement : (1) la réticence des entreprises à passer du cuivre à la fibre optique, (2) le manque d’intérêt pour les hébergements de résidence secondaire, (3) les logements vacants et locaux initialement répertoriés comme raccordables mais qui sont en réalité des équipements.

NATHD OI public partage cette approche ayant depuis 2022 considéré dans le cadre de ses plans d’affaires et au vu de la prise en commercialisation de son réseau récemment construit à l’époque, que le marché à considérer en pratique (le « marché pertinent ») devait tenir compte négativement de l’impact des résidences secondaires et des immeubles vacants nombreux sur son territoire rural. 


3- « Des surcoûts constatés »

Conformément aux positions prises par NATHD depuis 2021, la Cour partage et reprend les constats suivants :

    • « Les surcoûts d’investissement cités concernent essentiellement » :
      • les surcoûts de génie civil liés à l’absence ou au caractère dégradé des infrastructures existantes (câbles directement enfouis dans la terre, sans fourreau, plan de réseau cuivre lacunaire),
      • les reprises de raccordements exigées lors de défaillance des entreprises de sous-traitance (mode STOC, cf. chapitre III) qui engendrent des surcoûts de travaux,
      • les enfouissements et dévoiements de réseaux, pas toujours anticipés ou non prévus par les contrats entre opérateurs d’infrastructures et commerciaux,
      • les extensions, densifications et adductions neuves, souvent plus dynamiques qu’initialement anticipé,
      • l’impact de la crise sanitaire et les tensions sur les marchés de travaux publics observées à sa suite, générant des hausses de coûts sur les fournitures ou l’énergie et des délais allongés. »
    • « Les surcoûts d’exploitation concernent principalement » :
      • certains raccordements longs, pour lesquels la maintenance est coûteuse,
      • certains raccordements complexes, générant un déploiement plus coûteux,
      • les enfouissements et dévoiements de réseaux (maintenance plus coûteuse en raison des difficultés d’accès),
      • les coûts de financement. »

NATHD OI 100% public partage cette approche qui rejoint les éléments qu’elle a porté à la connaissance des institutions au niveau national (exécutif, ARCEP, ANCT) depuis 2021 : https://nathd.fr/wp-content/uploads/2025/02/EquilibreDesRip-Lessentiel-.pdf


4- « Une révision des tarifs qui n’est pas consensuelle entre catégories d’opérateurs »

La Cour fait les mêmes constats que NATHD et évoque l’action que les élus de cette dernière ont entrepris en ce domaine à savoir une modification unilatérale de ses tarifs d’accès soumise à l’ARCEP :

  • « Face aux moindres recettes et aux surcoûts dont font état les RIP dans leur ensemble, différents acteurs demandent une révision de la tarification »
  • « L’avis de l’Arcep sur la demande de hausse tarifaire de NATHD »
    • « L’Arcep s’interroge sur la proportionnalité et l’objectivité de la hausse tarifaire. Dans le cas de NATHD, ces critères n’ont pas été considérés comme remplis et l’Arcep a invité NATHD à « revoir son projet d’augmentation des tarifs ». En réponse, NATHD a considéré que cet avis ne lui interdisait pas d’augmenter ses tarifs et a donc commencé à appliquer un nouveau tarif des raccordements. Elle a, en revanche, retardé l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs d’accès aux infrastructures à janvier 2025[2], pour la portion entre le point de mutualisation et le point de branchement optique »
    • « Les conclusions de la chambre régionale des comptes Nouvelle-Aquitaine, mené à l’automne 2024, rejoignent celles de l’avis de l’Arcep (cf. annexe n°6). Toutefois, la chambre régionale des comptes met en évidence que certaines causes de déficits prévisionnels concernent l’ensemble des RIP et doivent faire l’objet de traitement à l’échelle nationale, notamment (i) l’inadaptation du mode de calcul du coût de raccordement moyen dans les lignes directrices tarifaires de l’Arcep aux territoires comprenant une majeure partie de raccordements plus chers que la moyenne, (ii) l’absence d’outils cartographiques qui auraient permis initialement et qui permettraient aujourd’hui de chiffrer précisément les surcoûts de raccordements (câbles en pleine terre ou sans propriétaire, par exemple) et (iii) la non transposition effective par l’État du droit européen relatif au service universel qui créée une charge nette pour les collectivités locales. »

5- « Des écarts aux plans d’affaires initiaux qui doivent être objectivés »

  • « Cette notification (NATHD), ainsi que les sollicitations informelles de certains opérateurs d’infrastructures appelant à une révision des tarifs, ont conduit l’Arcep à lancer des travaux d’analyse pour objectiver les écarts entre les coûts observés par les opérateurs d’infrastructures et ceux prévus par les modèles de 2015. Ces analyses nécessitent une collaboration entre le régulateur et les opérateurs d’infrastructures afin de s’assurer d’une ventilation homogène des coûts entre composants et d’une justification objective des coûts annoncés. »
  • « Ces travaux devront aboutir à la publication par l’Arcep de nouveaux éléments économiques intégrant une mise à jour des coûts d’investissement et d’exploitation observés par les RIP. Cette grille de coûts, objective et partagée, faciliterait la négociation entre acteurs pour d’éventuelles révisions tarifaires. Ces travaux doivent aboutir rapidement, en tout état de cause d’ici la fin 2025, afin de donner aux collectivités locales et aux opérateurs une connaissance objectivée des coûts et fonder d’éventuelles demandes de hausse tarifaire. »

NATHD OI 100% public échange avec l’ARCEP sur ce sujet depuis plus de 3 ans et comprend positivement qu’une « grille de coûts objective et partagée » devrait être mise en place en tout état de cause d’ici la fin 2025.

NATHD constate que sa notification de hausse tarifaire a eu un effet déclenchant dans le processus ainsi décrit. En revanche, NATHD s’interroge opérationnellement :

            • sur le temps déjà écoulé (3 ans) pour arriver à ce résultat positif envisagé
            • sur l’objectif de cette grille qui pourrait être de « faciliter la négociation entre acteurs pour d’éventuelles révisions tarifaires » alors que la situation concerne une augmentation tarifaire devant être subie par les usagers du service public de la fibre/clients à savoir les opérateurs commerciaux peu enclins naturellement à accepter cette démarche.

NATHD

            • Souligne l’urgence d’un traitement rapide et efficace de ces surcoûts au vu des situations budgétaires des collectivité
            • Estime que la décision de ses élus de modifier unilatéralement ses contrats est juridiquement valable au titre de la commande publique.
            • Relève également à ce sujet les interrogations de la Cour portant sur le caractère public des contrats STOC au cas précis de la SPL (Annexe n°9) : 

« Or, par principe, les exigences de mise en concurrence et de publicité s’appliquent aux contrats de la commande publique[3], à savoir « un contrat conclu à titre onéreux par un acheteur ou une autorité concédante, pour répondre à ses besoins en matière de travaux, de fournitures ou de services, avec un ou plusieurs opérateurs économiques »[4]. Les contrats STOC conclus par un RIP exploité en régie semblent relever de l’application du code de la commande publique, mais cela paraît moins sûr pour les contrats STOC conclus par un RIP exploité dans le cadre d’une concession


[1] Arcep : nombre d’accès actifs à internet par rapport au nombre de locaux raccordables.

[2] Courrier de NATHD à l’Arcep en date de juin 2024.

[3]«  En droit, l’éventuelle qualification d’un contrat en contrat de la commande publique – laquelle ne dépend pas de la dénomination que les parties lui ont donnée – suppose l’application cumulative de trois critères : (i.) un critère organique tenant à la qualification de pouvoir adjudicateur (article L. 1210-1 du code de la commande publique, (ii.) un critère financier tenant au caractère onéreux du contrat, (iii.) et un critère tenant à la satisfaction des besoins dudit pouvoir adjudicateur (article L. 1111-1 du code de la commande publique). Le contrat STOC conclu par une régie avec un OC satisfait à ces critères ».

[4] En particulier, « un marché est un contrat conclu par un ou plusieurs acheteurs soumis au présent code avec un ou plusieurs opérateurs économiques, pour répondre à leurs besoins en matière de travaux, de fournitures ou de services, en contrepartie d’un prix ou de tout équivalent » (Article L. 1111-1 du CCP).